Ma vision de l'égalité des sexes

Publié le par pisanyouma

 Vous avez dit égalité des sexes ?

 

        Pour moi, ce concept fort à la monde depuis quelques années n'est pas synonyme de favoritisme en faveur des femmes, encore moins de complémentarité entre ces dernières et les hommes.

       Favoriser les femmes est un aveu implicite de leur prétendue faiblesse ou infériorité naturelle et un déni des talents et compétences dont elles sont dotées pour accomplir de belles réalisations. D'autre part, la notion de complémentarité entre les sexes me renvoie toujours à la désagréable impression de lâcheté manifestée par certaines activistes des droits de la femme en Afrique, qui affichent volontiers un discours politiquement correct pour éviter de s'attirer les foudres d'une société patriarcale conservatrice.  Curieusement, il se dégage un flou autour du sens à donner à cette fameuse complémentarité qu'elles n'arrivent pas à définir de manière claire et précise. En quoi consiste finalement la complémentarité, sinon à une répartition figée des rôles sociaux que remet justement en cause le concept de genre?

     Pour moi l'égalité entre les sexes n'est pas une vue de l'esprit et il n’y a aucune raison d'avoir peur de l'affirmer et de le démontrer, même si on court le risque d'être traitée de tous les noms.  L'égalité entre les sexes renvoie à la fois en une égalité des opportunités et en une égalité des responsabilités aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

     Egalité des opportunités en termes d'accès à l'éducation, au travail, à la santé, au logement, au crédit, au mariage, etc. Ce qui implique la levée de toutes formes de discriminations et d'entraves tant au niveau des familles que de l'Etat, qui empêcheraient les garçons, les filles, les hommes et les femmes, non seulement  d'accéder de manière équitable aux opportunités offertes par la vie, mais aussi d'en jouir librement. Plus concrètement une fois inscrits à l'école, les parents devraient distribuer à leur aise, mais équitablement, les travaux ménagers à la maison à leurs garçons et filles pour leur permettre d'avoir suffisamment de temps pour l'étude des leçons. Je ne crois pas qu'il faille obliger le petit garçon à aider sa mère à faire la cuisine pour garantir l'égalité des sexes dans le cadre domestique. Dans la plupart des familles camerounaises exclusivement composées de garçons, ceux-ci apprennent (et sans que cela ne fasse scandale), à préparer les repas pour alléger la tâche à leur mère, et pouvoir aussi se débrouiller touts seuls lorsqu'elle malade ou en voyage.  Je pense plutôt qu'il faut obligatoirement occuper les garçons comme les filles, pour inculquer aux deux sexes, et ce dès le bas âge, l'habitude du travail domestique et éviter ainsi de générer une génération future d’hommes oisifs et paresseux, pour ce qui est de la gestion des affaires domestiques.   

     L’égalité doit également être revendiquée face aux responsabilités, afin que la jeune fille enceinte ne soit pas la seule à être exclue du lycée, tandis que l’auteur de sa grossesse poursuit tranquillement ses études, et que les couples mariés avec enfants apprennent à s’organiser sans préjugés pour assurer l’éducation de leurs enfants et concilier travail et obligations parentales. Là également, à mon avis les choses ne se passeraient pas forcément mieux si l’homme acceptait de laver le bébé ou de changer ses couches, bien que cela n’ait rien d’humiliant ou de dévirilisant. L’essentiel est que la femme ou l’homme ne se sente nullement accablé(e), forcé (e) ou seul(e) à assumer les charges familiales.

   Je suis particulièrement indignée par cette rengaine si prisée dans la société camerounaise selon laquelle « l’éducation des enfants revient premièrement à la mère », et qui est à l’origine d’un nombre incalculable de pères irresponsables. Cette mentalité doit évoluer, sans que cela ne soit perçu comme du désordre social  ou une occidentalisation à outrance de la société camerounaise, qui est d’ailleurs beaucoup plus ouverte sur bien d’autres sujets.

   L’égalité face aux responsabilités interpelle aussi les femmes, dans leur attitude face au genre masculin, pour qu’elles acceptent enfin de se prendre en main et de cesser de se faire entretenir, d’exiger des prévenances et des attentions qu’elles n’ont pas la politesse de rendre, etc.

    En tout état de cause, l’égalité des sexes ne doit pas reposer sur une vision manichéenne avec d’un côté les victimes et de l’autre leurs bourreaux.  Elle nécessite de repenser les relations entre garçons et filles, hommes et femmes, afin de bâtir des rapports harmonieux et empreints de respect mutuel entre les deux genres.

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